Pour un moment authentique avec un agriculteur aussi bon cuisinier que conteur!
Un repas traditionnel au coeur d’une exploitation agricole
Dans les hauts de Sainte-Anne, nous avons passé une journée inoubliable aux côtés de Philippe Morel, un agriculteur aussi doué pour nous parler des produits qu’il cultive que pour les cuisiner. Cela fait dix ans qu’il veille à préserver les traditions réunionnaises, à travers l’Association pour la Valorisation et la Préservation du Patrimoine des Hauts de Sainte-Marguerite (AVPPHSM)
Après quelques kilomètres dans les hauts de Saint-Benoît, à travers les champs d’ananas et les champs de canne, nous voilà chez Philippe. A peine arrivés, le maître des lieux nous met à l’aise. “Entrez, entrez, on est dans la cuisine”, nous lance-t-il, avec un grand sourire. Nous découvrons alors une pièce on ne peut plus typique, à l’arrière de la maison. Une cuisine au feu de bois, déjà embaumée par l’odeur des épices…Et juste au dessus des marmites qui mijotent, des saucisses, du boudin et du “boucané” – le nom donné à la poitrine fumée à la créole. Nos estomacs gargouillent instantanément !
L’ambiance est tout de suite conviviale dans cette cuisine familiale. En véritable chef d’orchestre, Philippe donne ses consignes à chacun, pendant qu’il hache du jacques vert, pile du piment et gère les marmites sur le feu de bois. Le reste de sa famille s’affaire autour de lui et nous entrons rapidement dans la danse. Apprendre la cuisine sur le tas, c’est la meilleure des méthodes.
Risofé, ti jacques boucané et massalé
Le menu prend forme au fur et à mesure que les petites mains s’activent : beignets de papaye verte, rougail de tomates braisées au feu de bois ou encore salade de palmiste rouge. Sur le feu, Philippe termine l’assaisonnement de nos plats principaux : un cari “ti jacques boucané” et un “massalé la corée” – des abats cuisinés dans une sauce épicée.
Puis, il découvre la marmite de “risofé” : le petit déjeuner est servi ! “C’est du riz de la veille, accommodé à ma façon. Vous verrez que les choses les plus simples sont les meilleures”, promet-il. Et il dit vrai : je n’aurais jamais cru que du riz blanc puisse être aussi goûteux.
Des cannes à la ruche
Une fois notre risofé avalé, direction l’exploitation de Philippe. Il nous apprend à couper la canne et à en extraire le jus à la main. Quelques mètres plus loin, il s’arrête pour couper un jacque mûr. En quelques minutes, nous découvrons toutes sortes de plantes, de fruits et de légumes réunionnais : ananas, baba figue, vangasaye, café bourbon pointu, orangines, tomate arbuste, vacoa, zembrozade, citron galet, etc. On touche, on sent, on mange au fur et à mesure de la balade.
La matinée se termine par un repas mémorable. Tout est délicieux, du boudin, que chacun vient couper directement au dessus du feu de bois, au “ravaz”, un mélange sucré à base de manioc et de songe notamment, en passant par le massalé.
Juste avant de quitter Philippe, il nous propose encore une découverte. Direction sa ruche, pour récolter et déguster du miel, histoire de terminer cette journée mémorable sur une note sucrée.